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SOMMAIRE

 

LÉGER OU ULTRA LÉGER   10

 Comment s’alléger     11

 Le coût de l’ultra-léger   14

 

 CHOISIR SA TENUE    18

 Les éléments à prendre en compte   19

 L’habillement     25

 Les chaussures  29

 Les bâtons    36

 Le sac à dos   37

 

 LE MATÉRIEL   44

 L’abri   45

 Le couchage   54

 La cuisine   58

 l’alimentation   65

 Listes types de matériel   79

 À faire soi-même   86

 

LES SAVOIR-FAIRE   91

 Remplir son sac à dos   92

 La marche   94

 Le repos, la politesse   102

 Risques   107

 Dormir   121

 L’orientation   132

 

 LA SANTÉ   153

 L’hygiène   154

 Prévenir et guérir   156

 Appeler les secours   165

 Attendre les secours   166

 La trousse de secours   169

 

 PRÉPARER SA MARCHE   172

 Avec qui partir ?   173

 Quelle marche ?   177

 La préparation mentale   185

 La préparation physique   189

 La préparation logistique   191

 Envolez-vous maintenant !   197

 Idées de randonnées   198

 Index   204                           

Bibliographie et sites web   206


208 pages, 150 photos, tableaux et illustrations.  ISBN 9 782848 868905, éditions Lucien Souny, 452 g,  18€

 

Ce guide bénéficie de compléments, de tableaux téléchargeables et de mises à jour  ICI  sur le site où vous vous trouvez

 

PARUTION  en librairie le 25 MARS 2022

 

Un sac trop lourd ? Un équipement mal adapté ? Et voilà la journée de randonnée gâchée. Sur plusieurs jours, l’aventure peut tout simplement tourner à la déroute et reléguer la marche au rayon des mauvaises idées. Dommage !
Au cours de ses randonnées, en France ou à l’étranger, Jean Romnicianu croise trop de marcheurs qui peinent. Le sac à dos, les chaussures, la respiration, la posture, la pose des pieds, le choix du campement, tels sont les points qu’il convient de maîtriser. La randonnée, comme le vélo, c’est simple, mais il faut apprendre. D’autant plus que les progrès du matériel et des techniques permettent aujourd’hui d’aller plus loin, plus
haut, plus longtemps avec peu de fatigue, plus de plaisir, et sans douleur.

 

L’auteur a découvert la marche ultra-légère en 2016. Il l’a adoptée et il a parcouru ainsi plus de 10 000 km. Il a désormais à coeur de partager son expérience et sa pratique afin que chacun(e) profite au mieux de ses journées de marche. Il recense ici les solutions qu’il a testées et il explique les bases pour effectuer des choix personnels éclairés. La randonnée ultra-légère pour vivre une aventure grandeur nature.

 

L'auteur

Né en 1954, Jean Romnicianu commence à randonner à quinze ans... et n'a plus arrêté depuis. Il réside 16 ans au Népal où il effectue plus de 17 mois de treks avant de poursuivre une carrière de diplomate en Indonésie, Tunisie et Bangladesh. Depuis sa retraite en 2016, il marche plus de 1.000km  tous les étés ; il a cumulé ainsi plus de 11.000 km et adopté la marche ultra-légère. Pour partager sa passion et aider les autres marcheurs, il a publié chez Lucien Souny un livre : "Randonnée ultra légère - guide pratique" qui est le premier en France sur ce sujet.

Ses récits du PCT et du CDT espèrent encourager plus de Français à se lancer dans ces fantastiques aventures.

 

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Randonnée ultra légère - guide pratique

ISBN 9 782848 868905, 208 pages, 150 illustrations

Expédition par l'auteur.

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Table des matières

 

  • Introduction
  • carte
  • Carnet de marche
  1. Californie du sud
  2. Déserts californiens
  3. La neige
  4. Vers le sud
  5. Sierra Nevada 1
  6. Sierra Nevada 2
  7. Washington
  • Les savoir-faire utiles au PCT
  • Plan de marche réalisé
  • Matériel utilisé

 

L'auteur

Né en 1954, Jean Romnicianu commence à randonner à quinze ans... et n'a plus arrêté depuis. Il réside 16 ans au Népal où il effectue plus de 17 mois de treks avant de poursuivre une carrière de diplomate en Indonésie, Tunisie et Bangladesh. Depuis sa retraite en 2016, il marche plus de 1.000km  tous les étés ; il a cumulé ainsi plus de 11.000 km et adopté la marche ultra-légère. Pour partager sa passion et aider les autres marcheurs, il a publié chez Lucien Souny un livre : "Randonnée ultra légère - guide pratique" qui est le premier en France sur ce sujet. Ses récits du PCT et du CDT espèrent encourager plus de Français à se lancer dans ces fantastiques aventures.

Introduction

 

Marcheur depuis l'âge de quinze ans, j'avais jusqu'à présent été limité à des parcours de trois à cinq semaines par mes impératifs professionnels. Je voulais donc entamer une retraite prise à 62 ans par une vraie longue marche.  Après six mois de rêve et trois de préparation, je pars fin mars 2016, direction San Diego en Californie. J'avais presque tout prévu sauf le plus important et beaucoup rêvé, mais bien trop petit.

 

L'européen a du mal à imaginer la dimension supplémentaire que la durée, cinq mois pour  4.000Km, apporte de radicalement différent à une telle expérience. Le but devient bien trop lointain pour y penser: on ne va plus d'un point A à un point B, on marche, jour après jour après jour; le bivouac quotidien apprend à vivre sur le chemin, par terre, en pleine nature; avec un ravitaillement tous les quatre jours, la simplicité, la frugalité, la monotonie alimentaire s'installent. Entre hypnotisme et émerveillement, la marche s'impose comme une drogue, pour elle-même. Impossible de se dire "je verrai ça à l'arrivée", les problèmes se règlent là, tout de suite, sur le chemin. L'immensité de l'espace américain place le marcheur au centre d'un vide qu'il doit peupler: ça, je le l'avais pas prévu.

 

La plupart des aspirants au PCT démarrent seuls, mais vingt-cinq à cinquante personnes partent chaque jour et il est inévitable de rencontrer des compagnons (anglophones!). Alors, en groupe ou seul? Ce choix qui modifie radicalement le vécu du PCT.

 

Marcher en groupe, c'est profiter d'un camaraderie précieuse dans les moments difficiles, au soir des longues journées de marche, dans les heures noires de doute ou de douleur; c'est bénéficier de l'aspiration créée par les meilleurs, de l'émulation qui apporte ce petit supplément de courage à l'instant où il fait le plus défaut; c'est tisser une fraternité dense. Mais c'est aussi masquer l'immensité par un sac à dos au premier plan et le silence par trop de paroles.

 

Mais marcher seul... ah, marcher seul! C'est sentir cette immensité se fondre en soi, c'est le silence qui rend présent, c'est le sentiment d'être à la naissance du monde. C'est la nuit qui murmure un chant d'appartenance pour peu que l'on se laisse pénétrer. C'est oublier la carte parce que le chemin se déroule et qu'on y est bien, qu'on y est chez soi, qu'on y est soi. C'est aussi des moments de doute, parfois de peur, à gérer tout seul en puisant dans des réserves ignorées. Vous l'aurez compris, je marche seul. Et je voudrais partager quelques idées pour ceux de mon espèce.

 

J'apprends le PCT, ses lacets interminables, ses précieux dépôts de bouteilles d'eau établis par des âmes charitables, le sable et les cailloux qui roulent sous le pieds, le vent si violent parfois qu'on s'y heurte, s'y appuie et marche en biais, les bestioles qui piquent (une jambe doublée de volume et dix jours à boiter, merci l'araignée) et la lumière, la lumière magique des petits matins froids, des couchers de soleils flamboyants. Plus prosaïquement, je me débarrasse de quelques accessoires inutiles et ajuste ma diète. Les premières montagnes nous mènent à 2.700m sous la neige. L'eau est une préoccupation constante, entre peur de manquer et horreur de trop porter: la localisation du prochain point d'eau, son existence, sa qualité deviennent une obsession parasite ; la feuille de partage d'infos sur l'eau tenue par le pcta.org est précieuse mais approximative en ce début de saison.

 

 L'arrivée à Kennedy Meadows est une délivrance qui marque la sortie du désert et laisse espérer la réussite du PCT. Le magasin, digne d'un Western, est le point de ralliement. En cette fin avril, la météo est mauvaise sur la Sierra Nevada et la couverture de neige fraiche profonde: trop dur, trop incertain pour moi avec mon matériel léger. Je n'ai pas envie de transformer la partie la plus spectaculaire en parcours du combattant, donc je vais sauter 650Km de Sierra: j'y reviendrai en juillet avec un ami.

 

Les cinq semaines suivantes seront éprouvantes et magiques: le chemin a disparu sous deux mètres d'une bonne neige de printemps vierge de toute trace humaine, il fait un temps radieux et, en dehors des cinq points de ravitaillement, je ne verrai plus âme qui vive durant trois semaines. La navigation de la première journée est pénible, le temps de me rappeler que la déviation magnétique est ici de 14°, mais ensuite, quelle merveille: remonter des vallées, suivre de larges crêtes sans se tromper de ligne, inventer sa trace dans un monde ou toute trace de l'homme, même lointaine, a disparu: pas une maison, pas une route, pas une ligne électrique visible sur des milliers de kilomètres carrés, durant des jours et des jours. Le mauvais temps (une semaine tout de même) apporte son lot de fatigue, mais aussi de magie avec ces nuages qui filent au raz des reliefs, les brumes qui peuplent les forêts de lutins. Les tempêtes de l'hiver ont été féroces et des milliers de conifères sont tombés, souvent en travers du chemin; ils seront plus tard coupés par des équipes d'entretien, mais je suis en avance et j'ai dû contourner, escalader ou ramper sous plusieurs centaines de troncs. Cela laisse des traces et il me faudra un peu de repos début juin  pour retrouver la joie simple de marcher sans être obnubilé par le désir d'arriver.

 

Après le fabuleux Crater Lake dans la neige, j'ai choisi de contourner les deux massifs suivants où le PCT passe par un itinéraire compliqué au-dessus de la limite des neiges. Récompense: le plaisir d'inventer sa route, deux ours noirs, deux baignades mémorables et... le début des moustiques. Aïe! Affamés, nombreux, omniprésents, quelle plaie. Heureusement qu'il y a d'excellent répulsifs. Je suis résolument contre la protection de certaines espèces!

 

Après Ashland, charmante petite ville qui mérite un arrêt, commencent les forêts de l'Orégon: un long tunnel vert de trois semaines avec de belles coulées volcaniques, mais pénible: dans ces collines peu marquées et très boisées, définir son cap est problématique et le GPS peine à trouver sa position: beaucoup de zig-zag donc avec juste assez de neige pour cacher le chemin mais pas assez pour effacer les troncs abattus. Très fatiguant et, franchement, un peu monotone, même dans ces forêts splendides. L'Oregon se termine en beauté entre neige et fleurs en arrivant au mythique Pont des Dieux, le début du Washington.

 

Cet état alpin a la réputation d'être bien arrosé: je confirme! J'y ai subi ma journée la plus froide, jour de pluie et neige fondue, les pieds dans le ruisseau qui a remplacé le chemin. Pieds mouillés ou pas, quels paysages! imaginez les aiguilles de Chamonix sur des kilomètres, des décors dignes des contes de fées, le Mt Adams dans toute sa gloire et la vue portant sur des centaines de kilomètres carrés de montagnes abruptes, de vallées profondes: j'en hurle de bonheur, je sais pourquoi je suis là. Les moustiques, hélas, continuent de penser que je suis là pour les nourrir.

 

Début juillet, je suis à White Pass, à 560Km du Canada, et il est temps de revenir en arrière pour faire les sections trop enneigées à l'aller : ces quinze jours resteront un de mes plus beaux souvenirs: j'ai atteint à cet endroit une harmonie parfaite, une totale sérénité contemplative. Ce fut un moment de méditation naturelle, de vie dans l'instant présent où l'effort était sinon aboli du moins assez détaché de moi pour n'être jamais une gêne. Pour des heures comme celles-là, je marcherais des mois. Je rejoins ensuite un ami qui vient trois semaines de France  pour la Sierra Nevada.

 

 Ah, la Sierra Nevada! le Yosemite ! Sans conteste la section la plus bluffante du PCT, l'impression permanente de se promener dans un décor en cinémascope géant, parmi les séquoias aux troncs spiralés, les dents granitiques, les dalles polies et les lacs. Seul bémol, cette partie est commune avec le fameux John Muir Trail: il y a donc beaucoup de marcheurs. Mais il fait beau, chaque instant est un émerveillement, sans jamais la moindre monotonie. Les lacs se succèdent, plus éblouissants les uns que les autres. On voudrait sans cesse se poser et admirer. Les dénivelés sont par contre féroces et nous ne faisons que 20-25Km par jour en 10 ou 11 heures mais que c'est beau, que c'est beau. S'il n'y avait qu'une partie à faire, ce serait celle-là, sans aucun doute. Trois semaines les yeux écarquillés.

 

Trente-trois heures de bus inconfortables me ramènent ensuite dans le Washington et je récupère au magasin de White Pass ma quatrième et dernière paire de chaussures: ça sent l'écurie et la machine s'emballe un peu: malgré de gros dénivelés quotidiens, je finirai le PCT sans jour de repos, à plus de 35Km par jour, sous la pluie et sur les rotules... mais les quatre trentenaires qui m'ont rattrapé à dix jours de la frontière et qui regardaient le papi marcheur avec un peu de commisération ne m'auront pas lâché! non mais. 

 

La fin d'un tel périple est une triste chose. Certes, on a besoin de repos, mais le chemin vous a changé. Le bruit et l'odeur des villes est devenu agression, l'espace manque, la futilité du consumérisme frappe.

 

Je repartirai. Pas tout de suite, non, mais dans quelques mois, pour la simplicité si gratifiante du chemin, lorsque six kilos suffisent et que le reste ne tient qu'à soi. Pour regarder en silence le moutonnement des crêtes, pour cultiver cette patience sereine qui est le principal moteur de cette aventure hors normes.

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PCT : carnet de marche du Mexique au Canada

Récit et logistique.  13 x 20cm, 160 pages, 96 photos, cartes, tableaux. ISBN 978-2-36336-453-1

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 Continental Divide Trail : 4.200 km du Mexique au Canada en suivant la ligne de partage des eaux du continent américain. Un cran au-dessus du PCT, c'est une randonnée hors du commun beaucoup moins fréquentée, moins homogène et plus rude. Ce livre se veut une invitation à l'une des dernières grandes aventures accessibles en individuel à tout marcheur confirmé : le récit brut du vécu et le guide de préparation espèrent vous donner l'envie et les moyens de vous y lancer. Vivez la magie du désert sous le regard de pierre d'un iguane vert, la marche dans le ciel sur des crêtes dentelées, épuisantes et magnifiques; méditez sur les forêts calcinées, les étendues granitiques semées de lacs, les austères plaines d'altitude, les tapis de fleurs, les vallées oubliées des hommes et la gentillesse des Américains.

 

 

 

L'auteur

Né en 1954, Jean Romnicianu commence à randonner à quinze ans... et n'a plus arrêté depuis. Il réside 16 ans au Népal où il effectue plus de 17 mois de treks avant de poursuivre une carrière de diplomate en Indonésie, Tunisie et Bangladesh. Depuis sa retraite en 2016, il marche plus de 1.000km  tous les étés ; il a cumulé ainsi plus de 11.000 km et adopté la marche ultra-légère. Pour partager sa passion et aider les autres marcheurs, il a publié chez Lucien Souny un livre : "Randonnée ultra légère - guide pratique" qui est le premier en France sur ce sujet.

Ses récits du PCT et du CDT espèrent encourager plus de Français à se lancer dans ces fantastiques aventures.

 

INTRODUCTION SOUS FORME DE BILAN

Les milliers de kilomètres du Continental Divide Trail aux USA sont bien plus qu'un exploit sportif: au-delà de paysages fantastiques vierges de présence humaine, le CDT et les cinq mois de marche sont l'occasion d'un voyage intérieur pour déchaîner la joie qui dort en chacun de nous

Le CDT est présenté comme le grand frère sauvage du Pacific Crest Trail (PCT): près de 4.000 km du Mexique au Canada en suivant la ligne de partage des eaux du continent américain à travers forêts domaniales, réserves naturelles et parcs nationaux. Beaucoup moins fréquenté que le PCT, le CDT comporte des sections sans chemins et de multiples itinéraires possibles. C'est un parcours de montagnes et de déserts, le plus souvent au-dessus de 2.500m et jusqu’à 4.350m.

 La sélection des modes de ravitaillement et leur emplacement, la navigation, le choix des variantes et la recherche des points d'eau présentent un défi pour lequel il convient d'être préparé: le CDT n'est pas un chemin de débutant et la plupart des marcheurs qui s'y engagent ont déjà une ou plusieurs longues marches à leur actif et sont adeptes de l'ultraléger qui seul permet de durer.

 Ceci dit, la légende dépasse désormais la réalité: si le CDT a été un parcours sauvage il y a quelques années, lorsque seule une cinquantaine de fondus s'y lançaient, ce n'est plus tout à fait vrai: les efforts, à mon avis mal placés, de l'association CDTC pour baliser le parcours, le partage d'une partie du chemin avec le Colorado Trail, beaucoup plus apprivoisé, et le simple passage de près de 600 marcheurs par an rendent  la navigation assez facile. Reste que les étapes comptent souvent plus de 150 km en autonomie, que la montagne peut être rude et que l'eau est rare.

 Et d'abord pourquoi le faire? La question est évidente, la réponse l'est moins. Défi d'un parcours de plus de 4.000 km dans des paysages grandioses? Oui, sans doute, mais l'attrait principal du CDT réside pour moi en l'espace immense qu'offre l'Amérique et la possibilité d'y marcher des jours entiers sans rencontrer âme qui vive, ni d'y apercevoir la moindre trace humaine: pas de routes, pas de lignes électriques, pas de maisons à l'horizon. Cela permet d'y effectuer le voyage intérieur que cette durée et cette solitude autorisent, voire imposent. Ces étendues de nature vierge n'existent plus en Europe et cela justifie à mes yeux de se rendre aux USA.

 Alors, PCT ou CDT, que choisir? Pour un marcheur qui débute sur de très longs itinéraires, je pense que le PCT est plus indiqué car tout de même plus facile tout en étant fabuleusement beau.

 Pour un marcheur confirmé.... j'hésite, mais je crois que je conseillerai le CDT malgré quelques parties peu intéressantes qui gagnent à être sautées. En effet, pour ma part, le nombre plus réduit de marcheurs (1/10ème par rapport au PCT!) et l'aspect plus sauvage de l'itinéraire sont déterminants. Mais si ces arguments vous touchent, dépêchez-vous: le CDT est en train de connaître la même augmentation fulgurante de sa fréquentation que le PCT et d'ici quelques années, il y a fort à parier qu'il sera parcouru par des milliers de marcheurs.

 Ayant mis longtemps à me remettre d'un PCT parcouru d'une traite en 2016 alors que j'avais 62 ans, j'avais décidé dès l'origine de faire le CDT sur deux ans, en 2018 et 2019. Parti de la frontière mexicaine en direction du nord en 2018, j'ai dû inverser le sens de marche en 2019 à cause de l'abondance de la neige dans le Colorado cette année-là et me rendre à la frontière canadienne pour me diriger vers le sud.

 Ce petit livre est avant tout une invitation au voyage: il y a très peu de Français sur le CDT alors qu'il s'agit de l'une des dernières grandes aventures accessibles sans guide et sans agence de voyage à tout marcheur confirmé. Le récit brut du vécu des étapes et le guide de préparation en fin d'ouvrage visent à vous donner l'envie de vous lancer dans l'aventure ainsi que les outils nécessaires pour le faire. Il s'agit de partager la magie du désert sous le regard de pierre d'un iguane vert, des oxydes éclatants du Colorado, de la marche dans le ciel le long de crêtes dentelées, épuisantes et magnifiques, des forêts profondes ou calcinées, des à-pics, des étendues de granit semées de lacs, des plaines d'altitude au calme de monastère, des tapis de fleurs, des vallées oubliées des hommes et de la gentillesse des Américains rencontrés.

 Je voudrais surtout partager un état d'esprit car, pour moi, une telle marche n'est certainement pas la recherche d'un exploit sportif ou un défi à relever: se serait rabaisser un révélateur de vie au rang d'adjuvant d'égo et passer à côté de la magie. Le CDT, c'est autre chose.

 Le vécu d'une telle expérience est unique à chaque personne, évidemment; et je ne prétends pas à l'universalisme. Pour ma part, à 65 ans et après une opération au rein pour cancer début 2019, je reviens empreint d'un sentiment de sérénité, d'une joie tranquille peu différenciable du bonheur. C'est très largement grâce à ces marches longues que j'ai pu intérioriser des idées et des valeurs acquises ou pressenties au niveau intellectuel, mais qui restaient peu présentes dans mon vécu quotidien.

 Certes la fin de la première moitié, en 2018, fut difficile en raison de la maladie et le début de la deuxième aussi, en 2019, à cause d'une préparation physique insuffisante et des conditions météo; par ailleurs, il ne sert à rien de cacher que cinq mois d'efforts comportent des heures pénibles, des moments de souffrance. Mais j'ai compris que ce sont là des données qui nous sont imposées et que nous ne maîtrisons pas: il nous appartient par contre de gérer leur impact, de ne pas les laisser nous affecter, en particulier en les chargeant d'un contenu émotionnel négatif.

 Nous sommes, nous devons être maîtres des émotions dont nous investissons les événements qui nous frappent. Maladie, âge, conditions extérieures ne sont qu'un cadre neutre dans lequel notre liberté, notre joie s'épanouissent pour peu que l'on choisisse de ne pas se laisser guider par les réponses socialement convenues que l'entourage nous impose par mimétisme. Qui se plaint de la nécessité de manger ou de dormir? Alors, pourquoi se plaindre d'événements tout aussi inéluctables?  Bien sûr, certains faits sont plus pénibles que d'autres et la douleur a sa propre façon de s'imposer, mais nous sommes seuls maîtres de l'importance que nous allons accorder à ce qui nous arrive.

 

La marche au long cours, par sa lenteur, sa durée, la répétition infinie d'un geste simple, nous mène à une forme de méditation ambulante si on lui en laisse la chance. Se déploie alors en nous la réalisation que nous sommes libres, libres non au regard des contraintes extérieures, mais, plus important, face aux réponses que ces contraintes éveillent en nous.

 Alors, tu ne râles jamais quand tu es trempé, crevé, malade? Oh si... au début, par réflexe. Puis vient la réalisation que j'y suis par choix, que c'est une chance, que je peux arrêter à la prochaine étape si je veux. Ce qui m'est imposé n'atteint que mon corps et je décide, moi seul, de la façon dont je vais accepter tel ou tel événement. Alors non, j'en bave peut-être, mais je ne râle plus; au pire, dans les moments difficiles, j'attends, j'attends que les choses se tassent, que la fatigue recule, que la pluie s'arrête car, n'est-ce-pas, après la pluie le beau temps. Dans notre monde toujours plus pressé, toujours plus rapide, nous avons oublié la valeur de la patience et c'est bien dommage car c'est un mode essentiel de l'acceptation du réel, et accepter le réel, par opposition à exiger la réalisation de nos envies, est une des clefs d'une vie sans stress. Le train a du retard? Oui, c'est agaçant, peut-être dérangeant, mais vous croyez que se mettre dans tous ses états va le faire arriver plus vite? Le seul vrai résultat est de vous gâcher la vie: vous allez attendre, autant attendre sereinement.

 Si jamais je parviens à la sagesse, je pourrais certes éprouver la même joie sans quitter mon fauteuil: j'y travaille. Mais, en attendant, je n'ai trouvé que la marche au long cours pour induire ce sentiment de dépouillement, de libération et d'épanouissement: avec mes quelques 5 kg sur le dos et un peu de nourriture et d'eau, je n'ai besoin de rien, je ne suis distrait par rien tandis le battement des pas me répète que l'essentiel est déjà en nous et que tout supplément ne fera qu'attiser une soif de biens matériels auto alimentée, inextinguible et finalement source de frustration. Pas "toujours plus", juste "mieux".

 Je marche seul autant que faire se peut car je trouve la compagnie des autres randonneurs dangereuse. Dangereuse car il est très difficile de ne pas se laisser entraîner à marcher autant qu'eux, aussi vite qu'eux, abandonnant ainsi son propre rythme naturel. Au lieu de jouir de la beauté des paysages, d'entrer dans sa méditation, on devient obnubilé par l'idée qu'untel est devant, untel derrière, que je le rattrape presque, et puis non, je ne vais pas m'arrêter parce que je suis suivi et que s'il me dépasse je ne vais plus pouvoir le re-dépasser.... bref, les autres prennent dès lors une place injustifiée et parasite qui monopolise l'esprit à coup de banalités.

 J'aime le silence du soir qui tombe, de la nuit qui murmure si doucement, que souligne le passage discret d'un animal, l'envol d'une chouette. L'esprit s'ouvre mieux au coucher du soleil, quand la lassitude de la journée  apaise le besoin d'agir et nous permet d'écouter, de percevoir, de deviner que nous sommes partie d'un tout qui nous dépasse et que c'est bien ainsi. 

 Même sans stimuli extérieurs, le temps n'est jamais pesant. L'esprit vagabonde, le plus souvent sans fil bien défini, un peu comme dans un rêve où un rien, un son, fera prendre la tangente à notre errance. Le souffle coordonné aux pas dans les montées, un pas expiration, un pas inspiration, ralentit le rythme et le rend compatible avec une continuité qui finit par raréfier les arrêts, devenus des interludes nécessaires mais malvenus

  Sortir de sa torpeur au son d'un froissement de la tente et voir le museau d'un biche venue examiner cette forme inhabituelle, guetter un criquet, se perdre dans l'immensité des constellations révélées par l'absence de pollution lumineuse, sentir l'humidité qui tombe, voir le jour qui point... qu'est-il besoin d'accompagner ces émerveillements par des commentaires ineptes de banalité? Si nous en avons besoin, c'est par peur, question que l'on entend d'ailleurs souvent: "marcher seul, et vous n'avez pas peur?" Derrière l'évidence d'un possible accident, c'est d'une autre peur qu'il s'agit en réalité, la peur de se retrouver face à soi-même sans le bruit rassurant d'un compagnon dont la fonction principale est de nous maintenir à la surface des choses, là où aucune question existentielle ne viendra perturber notre vide.

 Mais justement, la marche, c'est aussi cette possibilité qui nous est offerte de crever la surface du quotidien pour plonger dans des ressentis inhabituels, dérangeants peut-être, mais qui nous laissent entrevoir une autre façon d'être au monde, une façon faite d'appartenance plutôt que d'appropriation, un mode de vie qui puise sa joie dans l'être plutôt que dans l'avoir. Dépouillé du superflu, noyé dans un tout immense et indifférent qui remet ma petite personne à sa place insignifiante, je peux plus facilement trouver mon propre centre, plus facilement réaliser qu'au tréfonds de moi, mon bonheur ne dépend que de moi-même.  

 

N'exagérons pas: parfois, une présence fait du bien, soit qu'une résurgence du monde d'avant la marche nous rende nostalgique, soit que par miracle l'on ait trouvé le compagnon idéal qui sait quand se taire, quand poser la question qui nous pousse dans nos retranchements, qui saura décortiquer nos explications pour en déloger les contradictions ou, plus simplement, qui saura écouter nos inquiétudes et se livrer à son tour dans un partage emphatique. L'hôte de passage a cela de merveilleux que sa rencontre fugace et unique nous permet de libérer notre parole et d'exprimer des idées, des sentiments que nous ne voudrions pas nous voir renvoyés à la figure plus tard. Devant cet inconnu que nous ne reverrons jamais, nous pouvons être nous sans fard et sans honte: qu'importe, il est fumée qui disparaît au vent.

 Et puis, il y a ces moments de grâce, ces épiphanies qui nous illuminent sans prévenir au débouché d'un col grandiose ou devant une simple fleur, un vent dans les herbes. Instants magiques où nous sommes submergés par un sentiment de plénitude, une envie de hurler de joie parce que le monde est beau et que, sans pouvoir l'expliquer, nous y participons de tout notre être. Des secondes qui peuvent changer une vie en repoussant vers l'insignifiance les petits tracas du quotidien face à l'immensité de la joie que nous avons trouvée au détour du chemin, mais qui est sans cesse à notre portée pourvu qu'on en ait conscience. 

 N'attendez pas: allez-y.

 Mais attention:  Dix heures de marche par jour, c'est beaucoup.  Le repos est indispensable pour durer; il est attendu avec impatience, mais démange quelques heures plus tard. Car marcher devient l'état naturel du randonneur, nécessaire, indispensable au bonheur: la marche au long cours mène, si on ne se défend pas, à l'épuisement, à la rupture, au  dégoût du chemin.

 La fatigue du soir seule rend l'arrêt souhaité. On peut alors profiter d'un calme apaisé que meublent les routines du camp à établir, de la faim à satisfaire. Tout juste s'agit-il d'être attentif aux douleurs de dos qui dénotent un mauvais réglage du sac, aux douleurs de pieds et de genoux qui indiquent un problème de chaussure. Par contre, au bout de 6 à 8 semaines, une fatigue de fond peut s'installer, plus discrète, qui sape en sous-main. Si on la néglige, peu à peu tout devient difficile, chaque jour devient dur, le plaisir s'efface, le chemin se transforme en lutte où le seul but est d'avancer. La lassitude mentale, issue de la fatigue, apparaît alors et nous interroge sur le pourquoi de cette aventure. Renoncer? non, simplement s'imposer une halte tous les 8-10 jours, que l'on sente la fatigue ou pas.  

 Il faut se poser parfois pour laisser l'émerveillement du chemin reprendre le dessus. Et, encore une fois, faire preuve de patience, la simple patience des heures de déprime, de douleur ou de méforme: se dire que tout est transitoire, tout passe et qu'il suffit de continuer à mettre un pied devant l'autre en attendant d'aller mieux. Le temps est un torrent qui dévale les jours de forme, semble stagner en mares boueuses les jours de douleur, mais passe toujours pour peu qu'on l'oublie. 

 Le bonheur n'est ni un dû ni un produit commercial: il est le résultat de choix -et tout choix est aussi un renoncement- et de beaucoup de travail sur soi-même. La marche peut devenir l'un des chemins qui y mène si on en décide ainsi. 

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CDT : 4.200 km à pied. Carnet de marche et préparation

Récit et logistique. 13 x 20cm, 165 pages,  86 photos, tableaux. ISBN 978-2-36336-470-8

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