Sections 7 à 11,  12 avril au 3 Mai

de Big Bear Lake, mile 294, à Kennedy Meadows, mile 702

Mardi 12 avril,  39Km,  mi 318  

 

Belle nuit étoilée mais humide au niveau du sol. Heureusement, le cuben de ma tente ne retient absolument pas d'eau. Départ 6h45; on rejoint puis suit un canyon étroit avec un gros torrent au fond: de toute beauté. Cerise sur le gâteau, 23km plus bas il y des sources chaudes qui se mélangent à la rivière: 2 heures d'arrêt pour profiter de l'alternance entre de l'eau à 40° et à 10°: revigorant. On continue ensuite le canyon jusqu'à déboucher sur un côté du désert du Mojave avec un énorme remblai qui ne sert à rien (on m'explique plus tard qu'il avait été bâti pour fournir du travail pendant une période de récession). Passage à gué de la rivière et provision d'eau pour la nuit avant de remonter à flanc de colline sur un chemin bordé de fleurs. Pas de place de camping très séduisante alors qu'un fort vent se lève: je me détourne vers le fond de vallée pour en chercher un, ne trouve rien et  fini par remonter et camper à l'abri approximatif d'un gros buisson. Je doute que les autres me rattrapent là où je suis caché.

 

Mercredi 13 avril,  39 km,  mi 342  

 

Eh bien, excellente nuit malgré le vent! Départ à 6h30 pour une longue étape jusqu'au col de Cajun à cause de l'eau. Beau temps. Le chemin contourne le lac de Mojave. Grâce aux pluies récentes il y a un peu d'eau: heureusement car je bois beaucoup. Je vois des traces fraiches au sol: les autres ont dû partir encore plus tôt et sont devant moi. Lire les traces devient une sorte de jeu qui passe le temps. Au détour du entier, une glacière attend: cadeau d'un Trail angel avec de l'eau et des sucreries. Après le lac, longue montée puis descente ennuyeuse sur un terrain glissant. La fatigue est un peu là avec la chaleur de la mi-journée et le dessous des pieds chauffe. Viennent ensuite des crêtes raides, belles mais très, très venteuses, puis un joli petit canyon qui mène à l'autoroute. Il y a un Mc Do/motel à 500m mais ce soir je n'ai pas envie de modernité ni besoin de ravitaillement et je m'installe, malgré le bruit, sous le pont de l'autoroute.

 

Jeudi 14 avril, 32km,  mi 362  14/1/3

 

Bonne nuit malgré le bruit infernal des klaxons de train. Départ à 6h avec le jour; ça va monter toute la journée, sauf une petite traversée de vallée avec une cache d'eau aussi imprévue que bienvenue. Un registre PCT me permet de savoir où sont les marcheurs que je connais. Après le désert, j'entre dans l'étage alpin vers les 2.500m. Les conifères sont splendides et je regrette d'être aussi nul en botanique: j'aurai aimé pouvoir les distinguer mieux les uns des autres. Les parties de forêts incendiées bâtissent un décor irréel. Je n'ai pas encore vu le Poddle Brush tant craint (autre plante urticante qui pousse sur les zones brûlées, si agressive qu'elle peut mener à l'hôpital). Les nuages montent derrière moi: dommage pour les photos, mais comme ça il fait frais. Je rattrape un nouveau groupe de marcheurs sur un petit col. Je continue dans des paysages alpins sublimes et trouve un emplacement de tente venteux mais admirable sur la crête. Arrivée tôt, vers 15h30, mais les 1.600m de montée du jour se font sentir. Nuit agitée avec un vent de 40km/h.

 

Vendredi 15 avril, 14km,  mi 370  -   Wrightwood

 

Départ glacé dans un vent violent: pas de petit déjeuner et la tente en vrac dans le sac à dos pour démarrer plus vite et tenter de se réchauffer en marchant: ça ne fonctionne pas terrible, surtout pour les mains! 13km jusqu'à la route qui descend à Wrighwood, prochain point de ravitaillement. Je tire déjà un peu la langue: les efforts des jours précédents, ou la faim? J'attends 30mn sur la route sans voir une seule voiture et me résous à descendre à pied (en fait la route est coupée 4km plus haut). Heureusement, un homme qui était monté promener son chien me prend un quart d'heure plus tard. Gros petit déjeuner, puis recherche d'un toit. Les Trail angels locaux sont déjà pris, et je m'installe dans un camp de vacances méthodiste. Achats pour les 5 prochains jours, plus une paire de gants épais: j'ai trop froid aux mains depuis le départ. Gigantesque burger pour le déjeuner: on ne trouve peut être que cela et des pizzas dans les petites villes américaines, mais ils sont drôlement bons après quelques jours de régime PCT.

 

Samedi 16 avril, 27km,  mi?  

 

Ce matin, petit déjeuner américain pantagruélique avec trois autres marcheurs et voiturage par un trail angel contacté hier. Du coup, départ à pied tardif, vers 8h30, avec Denise, une canadienne qui ne tenait pas à marcher seule: mauvaise idée, pour moi en tous cas, car elle bavarde sans arrêt et c'est encore pire lorsque nous rejoignons Scot, qui a fait le PCT 5 fois (!). Je décide de ne pas monter au pic Baden Powell, pris d'assaut par les marcheurs du week end, et prend la variante du manzanita trail qui reste presque à niveau. Impressionnantes formations de grès verts, blancs et rouges. Il y a de l'eau régulièrement, et du coup les 5 jours de bouffe dans le sac ne pèsent pas trop. Vues sur le Mojave et camp près d'un petit ruisseau, aussi loin que possible des deux autres qui causent, qui causent. Le temps semble se remettre au beau et le vent tombe.

 

Dimanche 17 avril, 39km,  mi 410

 

Départ à 6 heures pour continuer seul. Longue montée tranquille mais venteuse et froide avec le Mojave en toile de fond. Après une descente on rejoint le PCT officiel. Je suis dépassé par trois coureurs que je retrouve sur un parking du Highway 2 où ils m'offrent un pepsi bienvenu. Très belle après-midi dans les collines mais la fin de l'étape se fait attendre, d'autant plus que la source que je visais est à sec et qu'il faut continuer un autre km pour trouver un minuscule filet d'eau où je mets 40mn à remplir mes gourdes, puis revenir en arrière pour quelques mètres carrés plats où planter la tente. Cette fois-ci le Poodle Brush est bien présent et je fais très attention à ne pas le toucher: même sur un tissu, il peut être agressif plusieurs heures après. Avec tout ça, arrêt à 18h30, mais j'ai de l'eau. Ouf.

 

Lundi 18 avril, 42km,  mi436

 

Très bonne nuit. Comme je vais plus vite que prévu, je laisse un peu de bouffe dans un sac accroché à une branche pour les suivants. Très beaux 13km pour arriver à la station de pompiers et faire le plein pour les 29km suivants: je prends 5l et reparts avec un sac bien lourd. C'est surtout la chaleur qui me pèse, mais je dois avoir près de 15kg et il y a 1.300m à grimper sur 42km, ma journée la plus longue à ce jour, un peu gâchée par l'inquiétude d'arriver et d'avoir assez d'eau. En plus, il faut faire attention aux nombreuses zones de Poddle Brush. En fait, je termine tranquillement à 17h30 avec encore un litre. Il faudra tout de même que j'allège encore mon sac. Camp à côté d'une station de rangers où habite depuis 18 ans un type qui sculpte les panneaux de signalisation des parcs. Les lacets serrés du PCT m'ont un peu surpris aujourd'hui: je vois mal comment y faire passer un cheval. La poussière a été dense et je sacrifie trois litres pour me laver et même un peu de savon puisqu'il n'y a pas d'eau à polluer. Aujourd'hui, les traces n'indiquaient qu'un seul marcheur devant moi, mais j'ai rencontré un nouveau groupe de volontaires en train d'entretenir le PCT (et deux crotales).

 

Mardi 19 avril, 29km,  mi 454  - Agua Dulce, Hikers' Heaven.

 

Descente tranquille, plein d'eau fait dans un camping triste puis traversée de 16km de désert brûlant pour arriver à la ville d'Agua Dulce. La fin parcours passe par un petit canyon tortueux jadis peuplé d'indiens, avec des formations rocheuses dignes du Colorado, mais juste un minuscule filet d'eau peu appétissant. A la sortie, un décor de tournage de film assez surréaliste: un petite ville du far west enterrée dans le sable jusqu'aux toits! Un peu de route pour finir et j'arrive pour un coca à Agua Dulce où le Hikers' Heaven offre le meilleur accueil de Trail Angel à ce jour: même la lessive est faite pour vous! Ambiance décontractée et bavarde avec la petite douzaine de marcheurs présents... aujourd'hui, car dans 3 semaines il y aura ici plus de cinquante personnes tous les soirs et ce sera la cohue. Je rencontre les Trainwreck: trois filles sympas que je verrai assez souvent par la suite. Soirée bière et tacos en ville... c'est à dire dans le seul endroit où il y a quatre bâtiments ensemble; ces petites villes américaines sont déroutantes pour les Français habitués aux villages compacts: ici, chaque maison dispose de 4000m² (un acre) et pour quelques centaines d'habitants, la ville doit faire 4km de long. En voiture, on pourrait la traverser avant de réaliser que c'était une ville.

 

Mercredi 20 avril, 0km, mi 454  

 

Journée de repos. J'allège mon sac d'environ 1,5kg, comme quoi il y a toujours du surplus qui ne sert qu'à rassurer. Je récupère ma boite de ravitaillement, en envoie une avec mon surplus. Un petit tour en ville et je reviens me cuisiner un déjeuner français au Hikers' Heaven. Envoi de mél, lecture, Skype et planification des prochaines étapes.

 

Jeudi 21 avril, 40km,  mi 478  

 

Départ à 6h et il fait froid! Une bonne heure de goudron avant de retrouver le sable. Collines semi-désertiques, un seul point d'eau mais peu de dénivelé. Il y a 40km à faire avant la station de pompiers et l'eau. Je m'installe dans une ravine à l'abri du vent et décline l'invitation d'un trail angel qui habite à quatre km et qui est venu au débouché du PCT spécialement pour inviter les marcheurs du jour! Le PCT est fermé sur les 25 prochains km pour préserver l'habitat d'un grenouille rare.

 

Vendredi 22 avril, 34km,  mi 502


Le détour est surtout sur route, au début très passante mais avec de larges accotements. Tout de même, pas terrible, mais un peu compensé par le petit dej: pancake/oeufs/bacon/café à volonté dans une auberge. Après une montée, on rejoint le PCT, magnifique chemin en balcon dans un environnement verdoyant qui fait douter de la proximité du Mojave. Tempête de vent en début d'après midi. La fin qui monte, monte monte me parait très longue. Je trouve de l'eau dans un guzzler, citerne alimentée par les pluie. Camping au milieu des buissons pour déjouer le vent. J'ai passé le marqueur des 500 miles! Fatigué aujourd'hui.

 

Samedi 23 avril, 24km,  mi  517 - Hikers Town.

 

Matin glacé dans les nuages, départ en vitesse, mais je reste dans les nuages près de 2 heures avant de descendre me réchauffer un peu dans la plaine désertique; Sur la fin, le PCT se moque de nous en faisant d'invraisemblables lacets. Dans la plaine, au bord d'un route déserte, Hikers Town dresse ses cabanes improbables au milieu de nulle part: autour de sa maison dont le large garage sert de pièce à vivre/cuisine pour les marcheurs, ce Trail Angel a édifié une vingtaine de petites reproductions plus ou moins réalistes de  maisons d'un village de Western qui accueillent de un à quatre lits. Le vent souffle en tempête, mais nous sommes un demi-douzaine bien à l'abri, affalés dans les sofas défoncés.

 

Dimanche 24 avril, 40km,  mi 542  

 

La traversée du bras du Mojave qui suit est redouté pour sa chaleur, jusqu'à 45-50°, au point que beaucoup choisissent de la faire de nuit; mais nous sommes tôt en saison et je préfère simplement partir tôt. Le vent très fort de l'aube se calme, le chemin est plat, le ciel couvert il ne fait qu'une trentaine de degrés. Il y a même une cache d'eau à 26km, le luxe quoi. Après, par contre, c'est la traversé d'un couloir de vent rempli d'éoliennes: 60km/h dans le nez, des rafales à 80, dur dur. Le ciel un moment menaçant se dégage et offre un impression halo autours du soleil. Quelques quads ralentissent poliment pour moins empoussiérer le marcheur et une voiture s'arrête pour me proposer de l'eau. L'emplacement de camping dans un petit canyon offre bien l'eau promise, mais aussi du vent et un sol en sable: il faut trouver de grosses pierres pour ancrer la tente.

 

Lundi 25 avril,  26km,  mi 558  - Tehachapi

 

Nuit de tempête, vent, pluie et neige, dont j'ai passé un bonne partie à soutenir la tente, qui a finalement bien tenu. Départ glacé à 6h30 dans un paysage blanchi de givre et de neige. Des rafales à près de 100km chargées de grésil m'arrêtent parfois net à un virage et le reste du temps je marche en biais. Difficile d'apprécier le paysage dans ces conditions. Longue montée, au moins ça réchauffe, puis descente parmi les éoliennes; un Trail Angel a laissé des pommes, miam. Très peu d'arrêts à cause du froid/vent. Arrivé à la route vers 13h, je papote avec un flic qui vient faire un sondage parmi les marcheurs, puis stop vers Tehachapi, qui ne marche pas très bien. Après quelques déboires, je réussi à renouveler mon abonnement téléphonique qui avait expiré et appelle un Trail Angel qui vient me chercher, me pose dans un motel bon marché (59$) et me fait faire le tour de la ville.

 

Mardi 26 avril, 0km,  mi 568

 

Jour de repos et de logistique. Je fais d'énormes courses pour envoyer mes boites de ravitaillement pour les 8 sections suivantes car les magasins près du chemin sont réputés mal achalandés. En plus, il faut que je prévoie que la section Sierra Nevada sera peut-être infaisable en raison de la neige: ça fait des tas de boites à envoyer à des tas d'endroits pour couvrir toutes les éventualités. Un Trail Angel m'aide en me véhiculant d'un lieu à un autre car les distances sont à chaque fois de plusieurs kilomètres sans aucun transport en commun. Je bouffe comme un chancre. Demain, un autre TA nous (les Trainwreck et moi) emmènera au début du trail.

 

 

 

Mercredi 27 avril, 40km,  mi 593 

 

Départ à épisodes: notre TA nous a posé un lapin, les trois filles partent avec le gérant du motel  et je me poste au bord du trottoir, l'air aussi misérable qua possible; très vite, une auto s'arrête conduite par une jeune femme un peu dingo/hippie, un chiot sur les genoux et une voiture poubelle: elle me dépose gentiment près du trail que je rejoins par une évacuation d'eau sous l'autoroute pour éviter un long détour par le pont. Les deux premières heures montent dans un vent d'enfer qui réussit plusieurs fois à me pousser hors du sentier. Enfin, on arrive dans les arbres et ça va mieux. Un seul point d'eau aujourd'hui. Paysage merveilleux, montagneux, très sauvage. Je fonce pour arriver à un campement qui soit abrité car on annonce vent et pluie. Arrivé à 18h30, pas si fatigué que ça malgré les 5l d'eau en plus. Les Trainwreck sont aussi là.

 

Jeudi 28 avril, 37km,  mi 616 

 

Petites pluies dans la nuit et ce matin je suis dans les nuages, tout est trempé, y compris mes pieds au bout de dix minutes. Il fait un froid d'enfer et je ne sens plus mes extrémités. Ma jupe de pluie me protège un peu. Je reste dans les nuages glacés toute la matinée, avec l'impression d'être collé sur place; A midi, le soleil pointe et la vie change: béat devant les paysages granitiques. Eau, repos, séchage. Il faut tout de même enchainer jusqu'à une cache d'eau qu'on me dit approvisionnée, et la fin de journée semble longue bien qu'en réalité j'arrive à 17h. Plein d'eau et plein le dos, donc j'arrête un peu en contrebas. Les 3 filles envisageaient de faire 48km aujourd'hui et devraient me dépasser; moi, mes étapes sont plus courtes: je suis parti depuis un mois, arrêts compris, et j'ai fait près de 900km.

 

Vendredi 29 avril,  39km,  mi 640 

 

Magnifique journée! Venteuse mais ensoleillée, des caches d'eau là où il faut, la forme, un vrai paysage de désert tel qu'on le rêve, puis une bonne petite montée pour les vues lointaines et un retour dans l'alpin. Bref, tout comme il faut. Je campe dans une forêt clairsemée qui devrait couper le pire du vent. Une journée comme on en voudrait tous les jours. Ne manque qu'un petit ruisseau au campement.

 

Samedi 30 avril, 19km,  mi 652  -  Lake Isabella

 

Traversée d'un long plateau aride sur une piste de 4x4, puis descente vers Walker Pass et le Highway 178 pour aller se ravitailler à Lake Isabella, à 60km de là. 45 minutes d'attente avant d'être pris par un hollandais en vacances. A Lake Isabella, je trouve un motel un peu triste, me ravitaille, bouffe, cherche en vain un pantalon coupe-vent et un TA pour me ramener demain au PCT; il y a bien la tristement célèbre Piu Mama (la rumeur la dit violente et un peu folle, elle aurait tué son mari et détroussé quelques marcheurs) mais je vais m'abstenir. Ces arrêts dans des petits motels permettent de se doucher chaud, mais me paraissent de plus en plus comme des parenthèses désagréables du PCT: je dois être en train de m'habituer à la vie dehors. C'est beaucoup plus sympa lorsqu'on est chez un TA farfelu où l'on se retrouve entre marcheurs. Pour l'instant, je n'ai rencontré qu'un vingtaine d'autres marcheurs, mais je continue de préférer marcher et camper seul. D'ailleurs, la politesse sur le PCT veut que l'on se s'installe pas à côté d'un autre sans invitation s'il y a moyen de faire autrement. Cependant, j'avoue prêter une attention qui m'agace aux traces de chaussures et à ma position par rapport aux marcheurs que je connais. Par ailleurs, la rareté de l'eau est un double handicap: il faut en porter, mais surtout, on devient obsédé par le prochain point d'eau, sa distance, sa qualité, voire son existence, et on oublie un peu de vivre l'instant du chemin.

 

Dimanche 1 mai, 34km,  mi 673

 

Le stop un dimanche 1er mai, c'est pas l'idéal!  Il aura fallu 2 voitures et 2h45 pour 60km. Je commence à marcher à 9h45 seulement et aborde une longue montée, puis un belle crête. On sent la proximité de la Sierra Nevada (mais un seul point d'eau pour la journée tout de même) Temps menaçant, il pleut devant moi et j'attrape la queue de l'averse durant une heure, mais après, temps splendide et, enfin, un vrais paysages de montagne. Du coup, après le point d'eau du mile 670, je continue par une belle montée pour aller cherche un campement de rêve sur une selle. Il y a un autre marcheur, mais je me place à l'écart avec une vue exceptionnelle... et les pieds mouillés.

 

Lundi 2 mai,  34km,  mi 694 

 

Temps menaçant et, effectivement, une heure de grêle neigeuse, puis beau, puis petite pluie. Mauvais temps sur la Sierra que l'on distingue au nord. A partir de 11h, c'est pas la forme: démarche lourde et pieds douloureux. Alors, dès la sortie d'un interminable vallée qui débouche sur une plaine, c'est l'arrêt. Il y a même de l'eau grâce aux pluies du jour. Il ne me reste que 13Km pour Kennedy Meadows, j'y serai pour un petit déjeuner tardif. Sieste, thé, repos: on est pas là pour foncer à tous prix, même si ça fait bizarre de s'arrêter aussi tôt. Je décide d'arrêter les soupes de nouilles de midi: la digestion me pompe trop d'énergie durant les deux heures suivantes.

 

Mardi 3 mai, 13Km,   mi 702  -  Kennedy Meadows.

 

Enfin Kennedy Meadows et la fin du désert! La ville existe à peine, mais il y a un charmant petit magasin bric-à-brac, type western avec la cafetière posée sur le poêle à bois. C'est le point de ralliement avec douche, burgers, bières, gâteaux, boites de ravitaillement et cancans dans la bonne humeur. Nous campons tous derrière le magasin et retrouve les Trainwreck arrivées hier.  Les nouvelles de la Sierra ne sont pas encourageantes: peu/pas de traces, beaucoup de neige, y compris fraiche et de nouvelles tempêtes annoncées pour les jours qui suivent avec des chutes de neige de 50-120cm attendues. J'ai des micro crampons et un piolet ultra léger, mais je ne suis pas assez équipé pour plusieurs semaines dans la neige profonde et du sérieux mauvais temps à 3.500m. Donc, après mûre réflexion, je vais sauter la Sierra et aller à Donner Pass, au niveau de Reno. Je reviendrai faire la Sierra à la fin. Calculs faits, cela me laisse 2-3 semaines de battement par rapport à mon visa.