Mal des montagnes et gelures

 

Le mal des montagnes

 

 

Chaque année  entre 35 et 50 évacuations sanitaires héliportées concernent des Français. L’Himalayan Rescue Association a installé deux dispensaires d’altitude, l’un à Manang, dans le nord des Annapurnas, et l’autre à Pheriche, dans la vallée du Khumbu. Cet organisme comptabilise 2500 à 3000 consultations annuelles dont une centaine sont des cas aïgus. Le mal aïgu des montagnes (MAM) est la première pathologie chez les randonneurs.

 

 

Le mal des montagnes peut survenir à partir de 3000 mètres d’altitude (rare) et plus souvent à partir de 4.000m chez tout individu, quels que soient sa condition physique et son entraînement. il peut évoluer, assez rapidement, jusqu’au décès par oedème cérébral ou oedème pulmonaire de haute altitude. Les premiers symptômes peuvent être des maux de tête, une fatigue inhabituelle par rapport à l’effort, des œdèmes des extrémités ou de la face,une toux sèche, une perte d’appétit ou des insomnies. A un stade plus avancé, certaines personnes présentent une rétention urinaire, un essoufflement au moindre effort, voire même au repos. L’aggravation des symptômes se manifeste, dans le cas d’un œdème cérébral de haute altitude, par des céphalées violentes ne cédant ni à l’aspirine ni au paracétamol, des vomissements, une lassitude de plus en plus pénible, voire des troubles du comportement. Celui-ci peut entraîner la mort dans les 12 heures si rien n’est entrepris. Les signes d’un oedème pulmonaire de haute altitude sont un essoufflement anormal à l’effort, une fatigue extrême, une toux sèche ou avec des crachats mousseux, voire un essoufflement au repos, l’extrémité des doigts bleue, cyanosée. Celui-ci peut entraîner la mort dans les 6 heures si rien n’est entrepris.

 

La prévention repose sur 6 règles essentielles :


respectez une ascension lente, favorisant une bonne acclimatation (pas plus de 400 mètres de dénivelé positif entre deux nuits consécutives à partir de 2500 mètres)
hydratez vous suffisamment (2 à 3 litres par jour de boissons non alcoolisées)
prévoyez 2/3 jours de battement sur votre programme afin de relâcher la contrainte temporelle
en cas d’apparition des symptômes, arrêtez aussitôt la montée
si les symptômes persistent ou empirent, redescendez, même de nuit
n’abandonnez jamais seule une personne qui serait malade

 

Enfin, l’expérience a montré l’influence déterminante des facteurs psychologiques dans les situations qui ont eu une issue fatale. La personne malade veut éviter que le groupe ne se scinde ou redescende, aussi elle s’illusionne systématiquement sur l’interprétation des symptômes en les reliant à d’autres causes (soleil, rhume,indigestion...) et ne s’alarme pas de leur accumulation.

 

 

Dès l’apparition des premiers symptômes, même si le diagnostic est incertain, le mal aïgu des montagnes est la possibilité la plus probable. Aussi est-il essentiel de communiquer, sans restrictions, sur votre état physique. De surcroît, une victime du mal aïgu des montagnes peut ne plus être en état de réfléchir et d’agir clairement : il faut alors la forcer à redescendre. Après une redescente d'au moins 400-500m, les symptômes disparaissent généralement et une montée surveillée peut alors être envisagée au bout de quelque temps.

 

Enfin, il vaut mieux privilégier une ascension lente et progressive plutôt que de prendre des médicaments, comme le Diamox, dans l’espoir que le mal aigu des montagnes sera évité. Des antécédents cardiaques, pulmonaire, neurologiques ou rénaux au niveau de la mer sont des facteurs favorisants l’apparition d’un MAM, tout comme une grossesse.

 

Les sac de compressions qu'emportent certains groupes organisés sont efficaces pour vous donner le temps de redescendre dans de bonnes conditions, mais n'en usez jamais pour vous autoriser à monter encore plus haut bien que vous présentiez déjà des symptômes.

 

Par ailleurs, faite la part des choses: personne ne se sent en pleine forme à 4h du matin après une nuit à 4.500m. Il est normal d'avoir peu d’appétit et un petit mal de tête, voire de ne pas digérer. Mais si les symptômes empirent, prenez très au sérieux.

 

 

 

 

Les gelures

 

 

Les gelures sont devenues rares avec les équipements modernes aux altitudes et saisons pratiquées par les marcheurs (les alpinistes sont dans une autre catégorie).  L’épuisement, le compression des pieds dans des chaussures trop serrées, des vêtements humides et la déshydratation sont des facteurs qui favorisent l’apparition des gelures. Le risque peut être diminué par le port de vêtements chauds et secs, une bonne hydratation (urines claires), une bonne alimentation et des chaussures pas trop serrées.

 

 

Si par malchance vos coques ou chaussures sont trempées, ne les ôtez pas jusqu’à votre retour à l’étape. Si vous devez retirer un gant ou une moufle pour prendre une photo, faites bien attention à ne pas le perdre. Ces précautions semblent simplistes, mais leur non respect a déjà abouti à des accidents.

 

 

En cas de gelure :

 

portez sur vous et principalement sur les extrémités blessées des vêtements chauds, secs et non serrants (des moufles plutôt que des gants)
ne flagellez ni ne heurtez les extrémités atteintes (généralement doigts)
ne percez pas les phlyctènes (cloques)
buvez énormément et chaud

 

Redescendez et consultez au plus vite.

 

 

A l’étape, si c’est possible, vous pouvez également prendre un bain d’extrémités tiède. Vous pouvez aussi, sous contrôle médical, vous administrer des médicaments vasodilatateurs pour favoriser le retour de l’irrigation sanguine dans les zones traumatisées.

 

 

L'hypothermie.

 

L'hypothermie se caractérise par une température corporelle du tronc trop basse. Elle résulte d'une protection insuffisante aux éléments (froid, mais surtout vent et humidité en ce qui concerne les marcheurs) habituellement aggravée par la fatigue et la soif. L'hypothermie est grave: au-delà d'un certain point, elle n'est réversible qu'en hôpital et mène à la mort: il est donc important de la traiter dès son apparition.

 

Lorsque l'on a froid, on frissonne, on grelotte: c'est une réflexe de protection normal. Il faut soupçonner un début d'hypothermie lorsque, après avoir frissonné durant plusieurs heures et sans que les conditions se soient améliorées, la sensation de froid diminue, les frissons ralentissent ou disparaissent et une grande envie de dormir s'installe.

 

L'hypothermie ne se soigne que par apport modéré de chaleur au centre du corps: il est donc important de s'arrêter dès que possible pour se mettre dans un sac de couchage protégé, si possible avec une bouteille d'eau chaude dedans. Boire chaud. Se couvrir la tête. Si aucune autre solution n'est possible, une deuxième personne devra se coucher avec le malade dans le sac de couchage pour lui apporter sa chaleur.

 

Le plus important est d'éviter d'en arriver là. Habillez-vous par superposition de couches fines de synthétiques: sous-vêtement thermique, plusieurs polaires fines, parka coupe-vent. Couvez-vous bien la tête. Mettez des moufles, une écharpe, un sur-pentalon coupe-vent si les conditions sont mauvaises. Évitez absolument le coton, le nylon et la laine ordinaire.