Section 26 à 24, vers le sud, du 3 au 18 juillet

De Ashland à Castella, puis de Donner Pass à South Lake Tahoe

Jeudi 30 juin, vendredi 1er juillet & samedi 2 juillet.  okm,  mi  1716

 

Bus Greyhound pour Medfort, puis navette locale et j'arrive à 15h à Ashland. Je récupère mes nouvelles chaussures à la poste et fais suivre ma boite de réserve (ou Bounce box, qui contient ce dont on aura besoin plus tard et que l'on s'expédie de poste en poste). Je vais rester trois jours à organiser la suite et à m'empiffrer.

 

 

Dimanche 3 juillet, 40km,  mi 1694

 

Les randonneurs qui avaient promis de m'emmener au début du PCT n'ont pas confirmé, donc je pars d'Ashland à pied par une variante pédestre qui va monter agréablement toute la matinée; je dois juste éviter un groupe de VTTistes qui descendent. De la crête, les vues s'ouvrent. Il n'y a plus de  traces de neige, youpie. Beaucoup de promeneurs et maintenant que je vais vers le sud, je rencontre aussi beaucoup de marcheurs NOBO du PCT. Je suis de nouveau entré en Californie.

 

Lundi 4 juillet, 21km,  mi 1681

 

Journée flemmarde: j'ai mal calculé la distance pour aller à Seiad valley où je dois récupérer une boite et, si je vais à ma vitesse normale, je vais arriver avant elle, donc, je ralenti. Il reste tout de même quelques langues de neige et j'ai dû ressortir le piolet pour une dizaine de mètres délicats. Pas mal de marcheurs semblent avoir commencé leurs balades à Seiad Valley. Je croise une grosse harde de cerfs. Belles vues dégagées et fleurs partout.

 

Mardi 5 juillet,  27Km,  mi 1664

 

Encore une magnifique journée. Je continue à faire de petites étapes décontractées. Le PCT suit une longue crête vers 2.000-2.500m qui offre de très belles vues. Je suis bien content d'y marcher maintenant, sans neige, plutôt qu'en mai car, avec de la neige,  cela aurait été une horreur en plus d'être dangereux vue la raideur de certains versants. Il y a encore de l'eau à tous les points indiqués sur la carte mais cela ne dégouline plus de partout: l'été arrive. Mon matelas a une fuite lente: hier, j'ai fini la nuit par terre; impossible évidemment de détecter la fuite sans eau: je verrai ça à Seiad. Il fait une température idéale, je peux même me laver lorsque je trouve de l'eau durant la journée.

 

Mercredi 6 juillet, 16km,  mi 1654   - Seiad Valley

 

Belle journée tranquille avec la très longue descente menant à Seaid Valley (elle aussi infaisable avec de la neige!). Gros petit déj en arrivant, envoi du surplus hivernal par la poste et attente de ma boite, qui n'arrive que le soir. Bavardage avec les autres marcheurs, réparation de mon matelas, repos: il fait plus de 35°.

 

 

Jeudi 7 juillet, 35km,  mi 1632

 

Ma réparation de matelas a tenu: ouf. Départ à 5h30 pour faire les premiers km de route au frais, puis remontée d'une vallée jusqu'à son origine, avec 2 gués faciles et rafraichissants; Beaucoup de marcheurs NOBO, y compris Blue Jay que j'avais rencontrée à Truckee. 2.000m de montée pour retrouver des températures plus agréables et le vent. J'ai croisé un Français vraiment UL: son sac fait 5kg tout compris, il a un tarp et pas de réchaud: pas encore mon truc sur un parcours aussi long, mais j'essayerai en France  avec la Gatewood Cape de Six Moon Design. Parlant de poids, Bertrand qui vient me rejoindre pour la Sierra va être gâté: nous allons commencer avec des sacs de 18kg à cause des 9 jours d'autonomie et des 3 litres d'eau: pas tout à fait MUL!

 

Vendredi 8 juillet, 34km,  mi 1611

 

Démontage du camp au sec, mais pluie et nuages sont arrivés juste après et resteront 24 heures. Journée aveugle et froide, avec 34km d'une traite sans poser le sac ni déjeuner pour ne pas me refroidir car j'étais très limite côté chaleur: la jupe en cuben seule, c'est pas très chaud! Camp sous la flotte, mais la tente est parfaite, rien ne passe ni par dessus ni par dessous.

 

Samedi 9 juillet, 23km,  mi1597    - Etna Hickers Hut.

 

Matinée maussade et bruineuse dans les nuages. Je me dépêche sur un bon sentier rapide pour arriver tôt et faire du stop vers Etna sur cette route à priori peu fréquentée. Effectivement, aucune voiture les premières 45mn, mais la première à monter dans l'autre sens fait demi-tour pour me conduire à Etna! Arrêt au Hickers Hut, petit, propre et sympa (27$). Etant donné le trafic, je retiens une voiture pour me remonter demain (10$).

 

Dimanche 10 juillet,  35km,  mi 1575

 

Bonne nuit et grasse mat car la voiture n'arrive qu'à 8h. Le col est encore dans les nuages, mais ça se dégage vite. Il fait un petit froid coquin qui ne cèdera que vers 13h. Le PCT suit la crête et j'en prends plein la vue, mais ça monte et ça descend sans arrêts, vingt dieux. Camp sans personne sur une petite selle boisée. Ni vent ni moustiques, le pied.

 

lundi 11 juillet, 35km,  mi 1553 

 

Quelle belle journée! froide au début après une nuit idem, puis grand bleu, le temps idéal pour marcher. La crête, rocheuse, est bien découpée, avec de belles teintes rouges. Au loin, le Mt Shasta se détache avec clarté. De long passages plats, un bon chemin, des fleurs et la forme: le bonheur, quoi. Au passage du Highway 3 qui va aussi à Etna, je me félicite de ne pas avoir choisi cette option: il y a peu de voitures et beaucoup de stoppeurs. Gentille remontée pour arriver à une source avec emplacements de camps. Il y a déjà deux femmes, mais assez de place pour ne pas se gêner. Une biche broute sans crainte près de ma tente.

 

Mardi 12 juillet,  39km,  mi 1529 

 

Belle journée qui avait mal commencé: mal au ventre et nausées: j'ai trop serré ma ceinture de sac hier, et je pense que je supporte plus le glutamate du jerky Matador car la simple idée de la viande me dégoûte. Et puis c'est passé doucement et dans l'après-midi la forme revient. Très beau chemin en balcon qui fait un gigantesque contournement de 13km autour d'une combe géante. Rinçage dans un joli lac à 15h et je poursuis dans la joie: c'est une journée comme ça! Petit détour pour aller camper près du lac Porcupine où un écureuil pas timide tente avec obstination de s'introduire dans mon sac à bouffe.

 

 

Mercredi 13 juillet, 27km,  mi 1512

 

Belle petite journée tranquille. Le chemin reste presque à niveau sur la crête. Grand beau, air frais, soleil chaud, belles vues, tout va bien. Journée lente car je n'ai prévu que 27km aujourd'hui: c'est ça ou 43km à cause du terrain. J'arrive sur Castle Craig, gros massif très découpé qui termine ma crête. Dommage que le sentier le contourne en descendant plutôt que tenter de sa faufiler dedans. Camp juste avant la descente sur une selle boisée. Je monte sans sac vers les gendarmes de pierre: c'est vrai qu'on voit mal où un sentier pourrait passer sans escalade. Je crois que cette section restera une de mes préférées malgré la journée de pluie froide: je l'ai faite comme porté par la joie, avec l'envie que cela dure toujours et je regrette d'arriver demain à Castella.

 

Jeudi 14 juillet  24km,  mi 1497   -  Castella

 

Belle descente tranquille. Je suis un moment précédé sur le chemin par un ours noir, 30m devant moi. En bas, il fait une chaleur de four: 40° à l'ombre! Je récupère ma boite, m'offre une glace et un coca givré d'un litre et trouve deux dames qui me conduisent gentiment à la ville de Dunsmuir bien qu'elles aillent dans l'autre sens. Là, la bibliothécaire accepte de m'acheter un billet de train car les systèmes américains ne sont pas pensés pour les étrangers et ma carte de crédit française n'est pas acceptée par Armtrack. Faute de trouver la piscine municipale et ses douches, je trouve un coin isolé de la rivière bien froide pour me laver. La soirée est longue à attendre mon train qui passe à minuit., Je dors peu et mal sur mon siège pourtant large.

 

 

Vendredi 15 juillet, 19km,  mi 1145  

 

Sacramento n'est pas une ville pour les piétons: pour aller à pied de la gare des trains à la gare routière, je suis forcé de faire de grands détours car les rues directes n'ont pas de trottoirs. L'une des armatures de mon sac à dos est cassée: j'appelle Zpacks, qui me répond dans les deux heures et m'envoie une rechange; en attendant, je répare avec un bout de tube et du ruban adhésif, je remplace ma chemise qui a plus de trous que de tissu et je pars vers le col Donner pour continuer vers le sud. Une jeune femme garée là m'y emmène spécialement. Le PCT passe à nouveau par la crête vers les 2.400m. Grand vent et vues lointaines et je fais tout de même 19km en partant à 14h. Je tiens la grande forme, pourvu que ça dure.

 

Samedi 16 juillet,  35km,  mi 1123  

 

Belle journée venteuse entièrement sur les crêtes, avec vue sur le lac Tahoe. Il y a du monde désormais car je croise les marcheurs de la "bulle" (les gros groupes de la haute saison): les marcheurs se succèdent rapidement, plus ou moins bavards. Camp avec moustiques, je les avais presque oubliés ceux-là. Je suis bien dans les temps car je marche depuis 15 jours avec juste un demi jour d'arrêt pour les transits et les ravitaillements: je vais devoir/pouvoir coincer la bulle à South Lake Tahoe en attendant Bertrand.

 

Dimanche 17 juillet,  39km,  mi 1102

 

Ce matin, j'ai cru entendre un coyote hurler longuement pas loin de la tente... bien trop longuement en fait: je découvre un pick-up avec des amplificateurs qui imite l'appel de la bête! On y aurait cru. Décidément la forme va et vient: ce matin, pas terrible, puis l'après-midi extra. En fait je m'aperçois que je fonctionne souvent sur un cycle d'une demi journée. Toujours sur les crêtes, je passe sans douleur mon premier col à plus de 9.000 pied (2.740m). Dans la descente, trompé par l'abondance des bons chemins, je prends un mauvais tournant et descends 3km dans la mauvaise direction que je dois remonter: heureusement que mon sac est presque vide. Il y a un vent terrible, mais je trouve un coin bien abrité près du Lac Susie.

 

Lundi 18 juillet, 19km,  mi 1090    - South Lake Tahoe, Travellers' Lodge

 

Toujours un vent fort ce matin: des moutons parcourent les lacs. Je monte et longe un lac surprenant: très étendu et peu profond, parsemé l'ilots rocheux, très beau. Les Echo Lakes suivants sont desservis par un bateau-taxi... que je ne prends pas après une petite hésitation. Les bords des lacs sont occupés par des villas, allant de la cabane au très grand luxe, avec accès par l'eau uniquement. Du coup, le chemin monte et descend plus haut dans la pente, c'est un peu agaçant. Au bout du lac, un débarcadère marque le début de la route: la première voiture qui passe s'arrête et me conduit directement à South Lake Tahoe, où je prends au hasard un petit motel un peu miteux mais bien placé qui gardera mes affaires de solitaire pendant mon périple avec Bertrand.