La date de départ influe naturellement sur le monde que vous allez rencontrer sur le Trail et sur l'affluence dans les abris (shelter : cabane ouverte sur un grand côté avec un banc-flanc, de 6 à 8 places le plus souvent) et les hostels (auberges rudimentaires en dortoir dans les villes pour les marcheurs).

Il y a environ 4.000 candidats à la traversée complète (throughhiker), dont environ un quart va terminer. Ceci dit, l'AT se déroule dans des zones touristiques proches de nombreuses villes et villages : il y a donc souvent beaucoup de promeneurs qui partent de 1 à 6 jours et il ne suffit pas de partir sur une période peu utilisée pour être seul. Il faut aussi tenir compte des week-end, des vacances et du beau temps qui peuvent amener des foules de randonneurs ; il est bon d'en tenir compte dans les endroits très connus, comme les Smoky Mountains et surtout dans les Whites (chaine de montagnes et parc national sur environ 160 Km, dans le New Hamshire, entre les miles 1770 et 1870 Nobo). C'est important, car les shelters sont petits et les places de camping autours sont souvent limitées. Dans les Whites, où il est interdit de camper librement, une réservation dans les refuges - très chers - est obligatoire mais parfois difficile à obtenir et oblige à modifier le planning.

L'Appalachian Trail est unique aux USA par le nombre très élevé de Shelters que y trouve. Ces cabanes ouvertes s'échelonnent, irrégulièrement, tous les 15 à 20 Km. Placées le plus souvent près d'un point d'eau et de WC secs avec quelques emplacement de tentes plus ou moins bien aménagés autours, elles sont gratuites et indiquées sur l'app FarOut ainsi que dans les guides de l'AT. Une exception : dans les Whites  il n'y a pas de shelters, seulement des refuges gardés avec repas et dortoir, mais pas de douches ; Il faut réserver et ils sont très chers, aux alentours de 150 € la nuit avec dîner et petit déjeuner.

L'Appalachian Trail est un trail de débutants : seuls 20% de ceux qui partent ont une réelle expérience de marcheurs longue distance. Cela  explique que la moyenne journalière est nettement plus basses que sur les autres grands trails :  21,2 Km / jour en moyenne contre près de 30 Km sur le PCT ou le CDT.  Une autre raison, qui s'applique même aux marcheurs entraînés, est la difficulté d'une grande partie du chemin qui est très souvent encombré d'énormes pierres, de grosses racines, ou tellement marécageux que le chemin passe par des planches de bois en plus ou moins bon état (allez donc voir les photos du journal de marche pour vous faire une idée). Dans les Whites, particulièrement "lentes" il est prudent de ne pas prévoir plus de 10 à 15 Km /jour.

La dernière raison de cette relative lenteur est le poids élevé dont trop de randonneurs se chargent : près de 15 Kg en moyenne, c'est beaucoup trop.

A titre d'exemple, voici ma feuille de route réellement effectuée, en précisant que je me situe parmi les rapides.

A titre d'exemple, voici la liste de mon matériel sur ce trail ; attention : je suis un marcheur régulier sur de longues distances et j'ai donc investi dans du matériel de pointe, entre-autre les équipements de Zpacks, un fabriquant américain spécialisé en ultra-léger qui travaille sur commande. Il n'est pas évident que vous ayez l'usage du même type de matériel. En choisissant bien ce qu'on emporte -et surtout ce qu'on emporte pas ! - on peut arriver, avec du matériel plus courant et moins cher, à un poids de base d'environ 7,5 Kg, ce qui est déjà bien.

Le plus important est d'éliminer tout ce qui n'est pas indispensable. Ainsi, je n'ai de rechange que deux paires de chaussettes : le reste, je le lave par beau temps, je l'essore et je le remets et cela sèche sur moi en quelques dizaines de minutes. Et s'il ne fait pas beau ? Eh bien, j'attends qu'il fasse beau, ou bien d'arriver en ville où la plupart des hostels proposent de prêter des vêtements aux marcheurs le temps qu'il fassent leur lessive.

Dites-vous bien que le plus grand luxe durant une longue marche, c'est de porter un tout petit sac. Est-ce vraiment intelligent de porter durant 8 heures un truc que l'on va utiliser 1 heure au camp? à vous de voir.

L'ultra-léger est une suite de choix parfois douloureux.

L'un des gros avantages de l'Appalachian Trail est la fréquence des ravitaillements possibles : sauf sur la fin, on a rarement besoin de plus de deux jours d'autonomie si l'on profite de toutes les occasion de ravitaillement. Cela permet de limiter le poids du sac aux alentours de 10 Kg tout compris, ce qui est bien agréable.

Il y a de nombreux magasins de sports où on trouve des sachet de bonne nourriture lyophilisée pour 10-12$ pièce. Pour un Français, le manque de bon pain, de bons fromages et de charcuterie est un peu pénible, mais il y a à contrario un riche choix de barres de céréales, des purées de pommes de terre aromatisées, des arachides et des nouilles chinoises qui permettent de bâtir un régime satisfaisant du point de vue nutritionnel à défaut d'être savoureux.

Tenez compte du fait que la quantité de calories que l'organisme peut absorber par 24 heures est limité à 2,5 fois notre métabolisme de base, que si situe entre 1.2 et 2.4  Kcal dans la plupart des cas. (la formule de calcul est MB femme = 2,741 + 0,040 2 x Poids + 0,711 x Taille - 0,019 7 x Âge. MB homme = 0,276 + 0,057 3 x Poids + 2,073 x Taille - 0,028 5 x Âge, mais vous pouvez aussi regarder le site https://www.julienvenesson.fr/boite-a-outils/calculateur-energetique/ ) Inutile donc de vous surcharger.

A titre d'exemple, je fonctionne avec das biscuits le matin, des barres énergétiques en journée, des arachides et un repas lyophilisé le soir pour 3.200Kcal et 835 g par jour.

L'eau n'est pas un problème sur l'AT : on la trouve souvent, elle est indiquée sur l'app FarOut et par les guides et elle est généralement de bonne qualité. Cela  ne veut pas dire qu'on peut la boire sans traitement : il est très fortement conseillé de la filtrer ou de la traiter. Le meilleur filtre à ce jour est à mon avis le petit Katadyn sur gourde souple. Il faut changer la cartouche assez souvent, mais il est efficace et rapide, à condition de ne pas l'encrasser trop vite avec de l'eau chargée en particules.

On peut aussi traiter l'eau avec un désinfectant : hydrochlorazone (à commander en pharmacie, bon marché), micropur (en magasin de sport, meilleur goût mais cher) iodine ou Aqua Mira aux USA. C'est plus léger qu'un filtre, plus efficace mais il faut attendre entre 30 minutes et une heure et cela donne un léger goût, plus ou moins fort selon les traitements.

Sauf lorsque j'ai choisi de camper loin d'un point d'eau, je n'ai que rarement eu besoin de plus de 2 litres d'eau, le plus souvent un seul litre, . Pour camper "sec", je prévoyais 3 litres, ce qui me laissait près d'un litre le matin pour rejoindre le prochain point d'eau. Les rares exception sur l'AT sont signalées dans les guides.