La préparation pour le CDT
Attention: ces pages datent de mon retour du CDT en 2019. Depuis, le matériel a évolué. Je vous conseille donc, pour une vision plus large et beaucoup plus complète, le Guide pratique de la randonnée ultra légère qui regroupe les retours d'expérience de plus de 10.000 km de marche ultra légère en 50 ans de marche .
Table des matières:
La préparation:
Il est très tentant de pouvoir dire que l'on a "fait" le CDT d'un bout à l'autre, si possible en une saison, mais à quel prix?
a) en une saison: évidemment, cela vous classe dans les thruhikers et c'est flatteur. MAIS pour le faire, il fait partir tôt, durant la première quinzaine d'avril le plus souvent, et cela implique, les années moyennes, de trouver de la neige sur plusieurs tronçons, dont les Montagnes de San Juan. Or, la neige du Colorado est souvent pourrie au printemps et expose ceux qui y marchent à s'enfoncer souvent jusqu'au genoux, voire plus, ce qui est épuisant. De plus les San Juan avec de la neige sont très délicats à négocier, voire, à mon avis, impossibles sans risques rédhibitoires s'il y a plus que trente centimètres de neige, du moins avec l'équipement d'un marcheur léger. De plus, comme il est impératif d'arriver à la frontière canadienne avant les neiges, c'est-à-dire fin septembre dernier carat et de préférence mi-septembre, on n'a pas de temps pour les imprévus ou pour une repos un peu prolongé. Faire le CDT en deux fois ou plus permet à l'opposé de passer partout aux meilleurs moments, de s'attarder dans les lieux que l'on préfère et de se reposer quand et aussi longtemps qu'on le veut sans avoir la pression de se dire qu'il faut avancer sous peine de ne pas arriver à temps.
b) tout faire: là aussi, c'est flatteur et la communauté des marcheurs nous pousses implicitement à adhérer à l'éthique du "continous footsteaps", c'est-à-dire à l'idée que le chemin doit être parcouru à pied sans interruption, le marcheur revenant toujours au point où il avait abandonné le CDT pour se ravitailler avant de continuer et sans jamais sauter la moindre section... MAIS cela veut dire marcher sur d'interminables pistes carrossables dans le désert et se taper un certain nombre de kilomètres de goudron. Personnellement, je refuse le goudron et fait du stop si je peux. J'ai marché sur les pistes carrossables, mais en râlant. Si c'était à refaire, je crois que je referai tout de même le désert du début (Crazy Cook à Lordsburg) car même si c'est monotone, c'est une découverte; par contre je sauterai la partie entre Pie Town et Grant (136Km) ainsi que la section de Encampment à Atlantic City (477Km) qui sont toutes les deux des passages de désert sans aucun intérêt.
Si le PCT se déroule presque entièrement dans des réserves, des parcs ou des lieux protégés, le CDT passe à travers de nombreux ranchs privés et près ou dans de nombreuses villes. Cela signifie que la présence humaine y est beaucoup plus forte, y compris la présence de véhicules (4x4, quads, VTT ou motos).
A l'inverse, de nombreuses section sont fantastiques: la Gila RIver, les 60Km avant Cuba, les San Juan, le Wind River Range, Yellowstone et le parc des Glaciers par exemple. En fait, je dirai que le Nouveau Mexique est plutôt ennuyeux sauf certains passages alors que le reste est fantastique... sauf certains passages. Ce qui est sûr, c'est que je n'ai pas terminé la première section avec l'impression d'émerveillement global que j'avais ressenti sur le PCT. Par contre la deuxième partie (Montana, Idaho, Wyoming) m'a laissé bouche bée.
ça, ce sont les désagréments: longs passages monotones et 4x4 sur le chemin
MAIS
aussi une majorité d’endroits merveilleux: voyez le Journal de marche
40° et 8% d'humidité !
Une trace qui parfois disparaît
quelques rares passages dangereux
des gués parfois délicats
D'abord, déconstruisons une légende: le site du CDTA et de nombreux blogs présentent ce parcours comme une aventure sauvage, un terrain vierge où il faut chercher sa propre voie. C'était sans doute vrai il y a cinq ans seulement, mais, à de rares exceptions près, c'est faux aujourd'hui: le CDT emprunte de nombreuses pistes carrossables et chemins bien tracés, il est souvent bien signalé sur le parcours "officiel" (celui en rouge sur la carte Bear Creek) et toujours très bien cartographié, avec une excellente trace GPS comportant de nombreuses indications pratiques détaillées (croisements, routes, points d'eau, barrières et points remarquables); de nombreux cairns et balises marquent le chemin et le simple passage de plusieurs centaines de marcheurs imprime une empreinte bien visible sur le sol. La trace passe par de nombreuses villes et routes donnant facilement accès à des villes moyennant un peu de d'autostop très facile, en moyenne tous les 4 jours sans jamais vous obliger à porter plus de 6 jours d'autonomie (à ma vitesse en tous cas).
Par ailleurs, le kilométrage "officiel" est trompeur car entre les fermetures pour cause d'incendie ou de risque d'incendie (il y en a toujours) et les variantes plus intéressantes, comme la Gila River plutôt que les Blacks Mountains, le marcheur fait toujours une parcours plus court.
N'allons cependant pas trop loin dans l'autre sens: ce n'est pas non plus une ballade dans une forêt française. Quelles sont alors les vrais difficultés?
Donc, pour conclure, le CDT est accessible à tout marcheur confirmé correctement équipé sachant lire une carte et utiliser un gps/boussole et capable de porter normalement 4 jours de nourriture et 3 litres d'eau (5 sur de courtes distances) en faisant en moyenne 30Km par jour au moins. Il ne faut pas être sujet au vertige. En pratique, presque tous les marcheurs qui s'engagent sur le CDT ont déjà à leur actif au moins une longue marche de plusieurs mois (sur ce sujet, lire mon texte sur le fatigue de fond dans la section PCT).
Le calendrier dépend avant tout du sens de marche que vous avez choisi... ou inversement!
Pour un CDT Nobo, c'est à dire Sud-Nord, choix très majoritaire, le départ se fait entre fin mars et début mai. Le sens Nobo est plus logique dans la mesure où l'été nous accompagne dans notre progression vers le Nord, mais il y a plus de monde, ce qui est un avantage ou un désavantage selon vos préférences (tout est relatif: du monde sur le CDT, cela signifie 5-10 marcheurs répartis sur l'étape du jour; on peut, si on la souhaite, marcher seul toute la journée et, la plupart du temps, camper seul).
Pour un CDT Sobo, c'est à dire Nord-Sud, il est en général impossible de partir avant juillet en raison de la neige. C'est un choix plus risqué car il vous place dans les montagnes du Colorado au début de l'automne, à un moment où des chutes de neige précoces peuvent fermer le chemin. Pour un départ Sobo, c'est la couverture neigeuse dans le Parc des Glacier, à la frontière canadienne, qui commande: impossible de partir avant que les chemins soient praticables; deux sites (en anglais) pour connaître l'état de l'enneigement: le site du parc et ceux, excellents, du site Postholler qui propose deux lectures: un graphique unique couvrant tout le CDT et qui donne une vue d'ensemble et une carte Google dont les "skins" en haut à gauche permettent de voir la profondeur du manteau et sa densité, deux paramètres plus parlants que l'équivalent eau (snow water equivalent ou SWN) souvent utilisé.
Le CDT prend en moyenne entre 4 et 6 mois pour être parcouru en totalité. Il mesure entre 4.200 et 4.800 Km selon les choix d'itinéraires et comporte approximativement 113.000 mètres de montées.
Deux cas de figure: soit vous bénéficiez d'une grande souplesse pour choisir vos dates, soit vous avez des contraintes qui vous forcent à fixer ces dates longtemps d'avance.
Si vous êtes libre de partir quand vous voulez, vous pouvez attendre que la neige dans le parc des Glaciers fonde (sens Sobo) ou choisir votre date pour un départ Nobo à la frontière mexicaine. Partir tôt, vers le début avril, permet de traverser le désert au (presque) frais et laisse du temps pour les imprévus, mais augmente les chances de devoir soit attendre la fonte des neiges au début du Colorado, soit contourner les montagnes de San Juan, ce qui est bien dommage. Partir tard, vers fin avril, est plus sûr, mais laisse moins de temps pour les imprévus et les repos si l'on veut être sûr d'arriver avant la neige à la frontière canadienne.
Dans tous les cas, il faut rester souple et ne pas s'obstiner sur les choix faits au départ: les conditions météo obligent bien souvent les marcheurs soit à attendre, soit à sauter une section trop enneigée pour y revenir plus tard, soit encore à changer de sens en allant par exemple pour un Nobo directement à la frontière canadienne et à repartir en Sobo, ce qui m'est arrivé en juin 2019.
Le CDT est une entreprise de longue haleine: pas la peine d"'arriver dans une forme olympique, vous aurez tout le temps d'acquérir vos jambes de marcheurs... en marchant, ce qui reste la meilleure préparation. Il faut tout de même démarrer dans de bonnes conditions. Pour cela, je conseille: